18 Août 2013
Norvège, 1960 : la modernité s empare enfin des foyers et les corvées des mères de famille se voient simplifiées grâce à l arrivée de l eau courante, du réfrigérateur, des machines à laver... La bien nommée « Cité de l Avenir » a su s accorder à son époque : ici règnent - en apparence, du moins - la joie de vivre et le contrôle social. Huit familles y vivent très proches les unes des autres.
Dans cet univers encore très machiste, chacun s'observe, se jalouse ou se critique, rêve d'évasion, d'enfant ou d'aspirateur mais sans jamais véritablement créer une émotion, de l'intérêt ou un divertissement pour le lecteur qui reste, spectateur plutôt passif, vaguement interpellé par ce microcosme, pourtant parfaitement approprié à l'étude sociologique, représentatif d'une société en pleine mutation, où l'émergence et le développement des appareils électroménagers dans les foyers norvégiens commencent à modifier la place de la femme dans la société et va progressivement bouleverser les rapports homme-femme.
Que ce soit Peggy-Anita, jeune femme pulpeuse qui fait son ménage entièrement nue, laissant saliver tous les hommes de la cage d'escalier : " tous les hommes sans exception, avaient la langue pendante quand elle montait les marches en roulant des hanches, avec ses hauts talons et ses foulards en mousseline qui s'envolaient toujours au vent et après lesquels elle devait courir pour les rattraper. Quand elle se penchait pour les ramasser, sa jupe courte lui remontait sous les fesses et on voyait tout "Mme Asen , en mal d'enfant , qui brique les parties communes sans répit, sous le regard agacé des autres femmes, Barbara, l'Anglaise, coiffeuse à domicile et détentrice d'un téléphone, Maud,jeune mère dépressive, ou encore Karin et Sisdel, soumises et fumeuses invétérées, toutes semblent manquer d'envergure, pourraient même se confondre entre elles si l'auteur ne prenait pas soin, à chaque chapitre de les renommer. Des femmes ordinaires, sans destinée particulière, plutôt superficielles, certes décrites dans leur intimité, mais juxtaposées, appréhendées par le lecteur dans une globalité, telles les femmes de l'escalier A.
Pour intégrer l'histoire au cœur des années 60, Anne B. Ragde a pris soin d'y insérer des références communes à la mémoire collective (musique, marques de produits, événements d'actualité, vêtements d'époque, nouvel électroménager, plats culinaires…).
Une intrigue à la Desperate housewives où les peurs, les hontes, et les désirs inavoués sont dépeintes avec un réalisme cru.
Véritable étude sociologique des années 60 en Norvège où chacun retrouvera des éléments de son enfance.
Prix : 23,90 euros
Lieu de vente : Librairies